LE MUR DE BERLIN
I/ INTRODUCTION
Depuis leur création en 1949, la République Démocratique d'Allemagne (EST) connait d'importantes migrations vers la République Fédérale d'Allemagne (OUEST). En effet, les conditions de vie déplorables à l'Est poussent les citoyens à migrer à l'Ouest. Le Rideau de Fer ne suffisant pas à stopper ces flux migratoires, les soviétiques décident en 1963 de bâtir un mur séparant Berlin Est de Berlin Ouest. Un mur, symbole physique de la guerre froide qui, en scindant Berlin en deux, scinde également l'Europe et le monde. Le mur ne sépare pas qu'une ville, mais sépare une population, des familles et brise des vies.II/ LA CONSTRUCTION
Le président du conseil d'Etat Walter Ulbricht avait déclaré : « Personne n'a l'intention de construire un mur ». Et pourtant...
En 1961, le conseil des ministres allemands décrète un « dispositif de contrôle » aux frontières de la RDA pour empêcher l'émigration vers la RFA. Le matin du 13 août 1961, des barrages provisoires sont établis à la frontière de la zone d'occupation soviétique et les routes menant à ce secteur sont fermées. Au bout de quelques semaines ces barrages sont remplacés par un mur de dalles de béton renforcé avec des briques creuses. Tout cela construit bien sûr par des ouvriers allemands désignés d'office placés sous l'étroite surveillance des soldats de la RDA.
Chaque immeuble situé sur le tracé du Mur se voit évacué et intégré à la barricade. Le seul moyen de rentrer dans ces immeubles, dont les portes ont été murées, est de passer par la cour intérieure.
Par la suite, le dispositif de séparation est étoffé et les contrôles aux frontières perfectionnés. A l'intérieur de Berlin, le mur qui sépare la partie Est de la partie Ouest, s'étend sur 43,1 kilomètres. La séparation entre Berlin-Ouest et la RDA mesure 111,9 kilomètres.
III/ LE RESSENTI DU PEUPLELe mur de Berlin, en plus d'être une honte pour la population allemande est le signe que la population de l'Est et de l'Ouest ne pourront plus se voir. Avant ce mur, malgré barbelés, gardes et autres, l'immigration restait possible, en tout cas beaucoup plus facile qu'avant.
Dès 1952, le passage de la RDA vers la RFA fût limité et contrôlé. Les Berlinois de l'Est pouvaient cependant encore se rendre à l'Ouest pour travailler ou rendre visite à des proches, à condition d'utiliser l'un des 81 points de passage existants. Dès le 13 août 1961, 69 d'entre eux sont fermés. Le 14 août, c'est la porte de Brandebourg qui est à son tour fermée, suivie de 14 autres points de passage.
Au delà des répercutions po
litiques de la construction du mur, qui devient dès 1961 le symbole de la Guerre froide dans le monde entier, c'est la vie de toute une population qui va être bouleversée ce matin d'août 1961. 63 000 Berlinois de l'Est perdent leur emploi à l'Ouest, 10 000 de l'Ouest perdent leur emploi à Berlin-Est, et ce sont également des milliers de familles qui sont séparées pendant presque trente ans. Ces trente années vont être un enfer pour les deux Etats.Pour la RFA, les conditions seront dures, mais supportables comparées à celles de sa voisine RDA. Pourquoi ? Car elle sera soutenue par les pays occidentaux. Grâce notamment au soutien du Plan Marshall, destiné à aider à la reconstruction de l'Europe après la Seconde Guerre mondiale, la croissance économique de l'Allemagne de l'Ouest, appelée « Wirtschaftswunder » (le « miracle économique »), fit qu'elle devînt rapidement la troisième puissance économique mondiale, après les États-Unis et le Japon.
Pour la RDA, c'est le contraire. Malgré des débuts assez prometteurs, celle-ci va terminer en crise, puis sa situation plus que déplorable va mener à la chute d
u mur. Elle va connaître un retard économique qu'elle mettra des années à rattrapper. La population allemande, et notamment berlinoise, souffre beaucoup de la séparation familiale que représente le Mur. Ainsi, ils seront nombreux à tenter de le traverser, par des méthodes plus inventives les unes que les autres (des valises, des voitures coupées en deux, des cartons ...) et souvent à leurs risques et périls.Ainsi, selon les recherches de la collectivité berlinoise de travailleurs "Collectif du 13 août", 1135 personnes sont mortes en essayant de passer illégalement le Mur, même si le nombre exact de victimes est difficile à évaluer du fait du silence de la RDA sur ce sujet. Il était en effet difficile de traverser le mur car il était rudement gardé par gardes et chiens.
IV/ LA CHUTE1. 1989 : UNE ANNEE DE CHANGEMENT
Les premiers pas vers la chute du mur s'opèrent en 1989. En effet, l'Europe connait d'importants changements, particulièrement à l'Est, dans les états de l'URSS : Les Républiques Soviétiques retirent leurs troupes d'Afghanistan, sans victoire. La Pologne fait le premier pas vers la démocratie en élisant Tadeusz Mazowiecki. La Hongrie, quant à elle, enlève son rideau de fer. 25 000 allemands de l'Est, prétendant partir en vacances en Hongrie, rejoignent donc la RFA, profitant de l'ouverture des frontières Hongroises et Tchécoslovaques.
2. UN VENT DE REVOLTE
De plus, les manifestations et oppositions au régime communiste en RDA prennent énormément d'ampleur, par exemple, le 2 octobre 1989 à Leipzig, 20 000 personnes descendent dans les rues pour exprimer leur mécontentement. Le parti communiste essaye de calmer le jeu : le 7 octobre, Mikhaïl Gorbatchev (président de l'URSS) refuse le recours à la répression armée. Les manifestations continuent et s'étendent dans toutes les autres grandes villes de la RDA : On compte quelques centaines de milliers de manifestants allemands.
3. UNE BAVURE POLITIQUE
Le 9 novembre 1989 à 18h57, Günter Schabowski déclare prématurément lors d'une conférence de presse massivement retransmise en direct à la télévision et à la radio une nouvelle réforme du conseil des ministres concernant la nouvelle réglementation des voyages :
« Les voyages privés vers l'étranger peuvent être autorisés sans présentation de justificatifs — motif du voyage ou lien de famille. Les autorisations seront délivrées sans retard. Une circulaire en ce sens va être bientôt diffusée. Les départements de la police populaire responsables des visas et de l'enregistrement du domicile sont mandatés pour accorder sans délai des autorisations permanentes de voyage, sans que les conditions actuellement en vigueur n'aient à être remplies. Les voyages y compris à durée permanente peuvent se faire à tout poste frontière avec la RFA. »
Cette disposition, qui n'était pas encore définitivement approuvée, était censée n'être annoncée que le lendemain, le temps d'informer les organismes concernés. Elle fait le tour de l'Allemagne en quelques heures. Cette bavure politique changera à jamais la face du monde.
4. LA NUIT DU 9 NOVEMBRE
L'annonce faite quelques heures plus tôt amène plusieurs miliers de Berlinois à faire pression sur les postes-frontières situés le long du mur. À ce moment, ni les troupes frontalières, ni même les fonctionnaires du ministère chargé de la Sécurité d'État responsables du contrôle des visas n'avaient été informés. Les Berlinois entament la destruction du mur, encouragés par le violoncelliste Mstislav Rostropovitch qui jouait de son instrument au pied du mur. C'est ainsi que, sans ordre des autorités, le point de passage de la Bornholmer Straße est ouvert après 23h, suivi d'autres points de passage tant à Berlin qu'à la frontière avec la RFA, marquant la chute du Mur de Berlin, dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 novembre1989.
5. LA REUNIFICATION DE L'ALLEMAGNE
Cet événement reste marqué dans l'histoire allemande sous le nom de "die Wende" (le tournant) : Après plus de 28 ans d'existence, le mur de Berlin tombe, libérant ainsi l'Allemagne et le monde. Le lendemain de la chute du mur, des milliers de citoyens de la RDA se pressent en dehors du mur, accueillis à bras ouvert par les citoyens de la RFA. En apprenant la nouvelle, le Bundestag interrompt sa séance à Bonn et les députés entonnent l'hymne national. Cette marée humaine euphorique sonne la fin d'une triste époque et du commencement d'une ère nouvelle. Le 3 octobre 1990, l'Allemagne est réunifiée.
Samuel, Clément & Arthur.
